Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère :
« Femme, voici ton fils. »
Jn 19, 26 

D’un sermon de S.F. S. pour le vendredi saint. 1620

Les hommes pensent presque toute leur vie à ce qu’ ils ont à faire à leur mort, comme ils pourront bien établir leurs dernières volontés …Et pour cela plusieurs font leur testament en pleine santé, craignant que l’effort des douleurs mortelles ne leur ôte le moyen de manifester leurs intentions. Mais Notre-Seigneur sachant qu’ Il mettrait sa vie et la garderait comme et quand Il lui plairait, remit à faire son testament à sa mort …

…Le Sauveur ne voulant prononcer son testament qu’en la Croix et un peu avant que de mourir, appliqua son sceau et cacheta son testament avant toutes autres choses. Son sceau n’est autre que lui-même ainsi qu’il l’avait fait dire à Salomon parlant en sa personne à l’âme dévote: ‘Mets-moi comme un sceau sur ton cœur…’ Il appliqua ce sceau sacré lors qu’il institua le très saint et très adorable Sacrement de l’autel.

Puis il fit son testament, manifestant ses dernières volontés sur la Croix un peu avant de mourir afin qu’un chacun des hommes soient ses cohéritiers .

Son testament n’est autre que les divines paroles qu’il prononça sur la Croix.

J’en retiens deux: “Seigneur, dit le bon larron, souviens-toi de moi quand tu seras dans ton Royaume.” A quoi, notre cher Seigneur répondit : “Aujourd’hui, tu seras avec moi au Paradis”. O quelle douce et aimable parole: Aujourd’hui, tu seras avec moi ! en Paradis !…

O parole de grande consolation car ce que sa Bonté a fait pour le bon larron, elle le fera pour tous les autres enfants de la Croix qui sont les chrétiens. O heureux enfants de la Croix, puisque vous êtes assurés qu’au même temps que vous vous repentirez, notre Sauveur sera votre Rédempteur et vous donnera la gloire !…

… Regardant sa mère debout auprès de la Croix avec son bien-aimé disciple, il lui dit: ‘Femme, voilà ton fils!’ et mit dans son cœur … quel amour ? un amour maternel.

Et Marie accepta pour siens tous les enfants de la Croix et devint notre Mère.

 “Nous tous, qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est dans sa mort que nous avons été baptisés. De même vous aussi : pensez que vous êtes morts au péché, et vivants pour Dieu en Jésus-Christ”
Rm 6, 3 …

 

Du Traité de l’amour de Dieu L. VII ch. Œuvres V 32,31

Et qui ne voit, Théotime, je vous prie, que c’est l’extase de la vie et opération de laquelle le grand Apôtre parle principalement, quand il dit ‘Je vis, mais non plus moi, mais Jésus-Christ vit en moi’ ? car il explique lui-même en d’autres termes aux Romains, disant que ‘Notre vieil homme est crucifié ensemblement avec Jésus-Christ’ que nous sommes morts au péché avec lui, et que de même, nous sommes ressuscités avec lui pour marcher en nouveauté de vie, afin de ne servir plus au péché…

En la première vie, nous vivons selon le vieil homme, c’est-à-dire selon les défauts, faiblesses et infirmités que nous avons contractées par le péché de notre premier père Adam, et partant, nous vivons au péché d’ Adam, et notre vie est une vie mortelle, mais plutôt la mort même; en la seconde vie nous vivons selon l’homme nouveau, c’est-à-dire selon les grâces, faveurs, ordonnances et volontés de N0tre Sauveur et par conséquent, nous vivons au salut et à la rédemption, et cette nouvelle vie est une vie vive, vitale et vivifiante. Mais quiconque veut parvenir à nouvelle vie il faut qu’il passe par la mort de la vieille, crucifiant sa chair avec tous les vices et toutes les convoitises (Ga V, 24) et l’ensevelissant sous les eaux du baptême ou

de la pénitence: comme Naaman qui noya et ensevelit dans les eaux du Jourdain, sa vieille vie lépreuse pour vivre une vie nouvelle, saine et nette.

Car on pouvait bien dire de cet homme qu’il n’était plus le vieux Naaman tout lépreux, mais un Naaman nouveau net et sain, qu’il était mort à la lèpre et vivait à la santé et netteté.

Or, quiconque est ressuscité à cette nouvelle vie du Sauveur, il ne vit plus ni à soi, ni en soi, mais à son Sauveur, en son Sauveur et pour son Sauveur.