4e Dimanche de Pâques - 25 avril 2021

« Je suis le Bon Berger. Je donne ma vie pour mes brebis ! Moi, je suis le Vrai Berger ! » Ces quatre mots-là, prononcés par Jésus il y a deux mille ans n’ont pas vieilli. Ils nous aident à savoir qui est Dieu, à qui il ressemble.

Dieu nous était présenté comme distant, lointain. Jésus nous dit au contraire que Dieu est « sur le terrain » comme un berger, et donc « tout terrain. »

Toujours sur nos routes d’hommes et de femmes, inlassable compagnon de l’aventure humaine. Il est de tous nos voyages, sur nos grandes routes et nos chemins de traverse, sur nos terres ensoleillées comme sur les versants difficiles ou dangereux.

Notre Dieu, révélé sur le visage de Jésus, le Vrai Berger, est un Dieu qui donne sa vie pour son troupeau, afin qu’aucune de ses brebis ne se perde.

Jésus nous dit que Dieu est un berger merveilleusement insensé et déraisonnable par amour ! Où est-il, en effet, le Berger, quand nous ne le voyons plus au milieu de ses brebis ?

Il est parti à la recherche de la centième brebis qui s’est égarée. Dieu est un Berger qui ne consent même pas à 1% de perte !

Aujourd’hui, c’est la journée mondiale de prière pour les vocations. Les vocations, la vocation… Savez-vous d’abord que chacune, chacun, nous avons une vocation ? Tous les baptisés ont la vocation de révéler quelque chose du visage de notre Dieu, Berger de toute humanité.

Nous vivons dans un monde tragique, rongé par l’incertitude de l’avenir, par cette pandémie et ses conséquences, par la violence et le mal de vivre.

Eh bien ! Dans notre monde, des hommes et des femmes, en grand nombre se mettent au service de leurs frères pour soulager la misère, nourrir les enfants, défendre les petits en tous lieux de la terre.

Et parfois, au péril de leur vie, comme Jésus le Bon Berger ! Être chrétien, c’est toujours susciter la vie, re-susciter la vie ! Nous avons tous cette vocation-là.

Et certains ont la vocation de prêtre, de religieux, de religieuse, de moniale, de diacre, de consacré(e) Peut-être que les plus jeunes de notre assemblée se sont posés ou vont se poser la question ?

Être les prêtres ou les religieux de demain qui rap- pelleront aux chrétiens leur vocation de suivre et d’aimer Jésus, le vrai Berger, pour transformer la vie, même modestement.

En cette 58ème journée mondiale  de prière pour  les, vocations, notre Pape François, en cette année dédiée à Saint Joseph nous confie un message qui nous invite à redécouvrir les songes, la fidélité et le service de Saint Joseph.

J’ai eu l’occasion, lors de la fête de Saint Joseph, dans mon homélie, de vous parler des songes. (Je vous joins le texte de cette homélie du 19 mars.) Ces songes étaient pour Saint Joseph, comme les annonciations à Marie comme des appels divins, mais pas faciles à accueillir.

« Ne crains pas de prendre Marie comme épouse » « 1er songe) « Lève-toi, prends l’enfant et sa mère et fuis en Égypte » (2ème songe). L’ange s’adresse à toi au cœur de ton sommeil et t’invite à rentrer au pays. « Ceux qui en voulaient à Jésus sont morts ». (3ème songe).

« Ne t’installe pas en Judée  mais en Galilée, à Nazareth. » (4ème songe). 

Qu’elle est grande l’obéissance de Joseph, qu’il est grand le service, la mission qui à chaque songe lui ont été confiés. « C’est le témoignage d’une vie touchée par l’amour de Dieu …Quelle disponibilité dans le service. Saint Joseph a vraiment été le gardien de sa famille et de l’Église. Il et aussi le gardien des vocations. »

Troisième aspect qui traverse la vie de Saint Joseph après les songes et le service, la fidélité.  Comment s’alimente cette fidélité : à la lumière de la  fidélité de Dieu. Á travers l’évocation de quelques événements de la vie de la Sainte Famille, nous avons compris cette fidélité de Saint Joseph dans la réalité de chaque jour.

Il en est de même pour nous, aujourd’hui. C’est pour vous et pour tous qu’avec mes frères prêtres nous sommes fidèles. Et c’est par amour du Seigneur que les Sœurs sont ici. Le monde les habite et avec lui, elles ne cessent de se tourner vers le Seigneur, pour reconnaître sa voix et recevoir sa vie.

Si nous nous sommes engagés à la suite du Christ, c’est parce que nous avons accueilli, du fond de notre cœur ses appels.

Je dirai plutôt : nous nous sommes sentis « connus », aimés, rejoints dans le mystère de notre être ». Comme dit le Psaume 138 : «  Il a posé la main sur moi ! »

Oui, Jésus nous a regardés. Il nous a aimés, et par notre vie, nous répondons à son amour. Comment ne pas rayonner Celui qui nous fait vivre ?

Notre dévouement, notre disponibilité, notre service, notre prière, sont des façons de lui répondre.

« Je suis le Vrai Berger. Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent. » Proposer de devenir prêtre, c’est révéler à ses frères qu’ils sont connus et aimés du Christ, investis de sa confiance au point de pouvoir être appelés à le suivre comme l’ont fait les apôtres.

Proposer de devenir prêtre, c’est manifester ouvertement que la réponse à cet appel du Christ et de son Église peut combler une existence d’homme.

Proposer de devenir prêtre, c’est inviter : à porter la Bonne Nouvelle, à préférer l’Évangile à sa propre vie, accepter de se détacher des honneurs et de n’être plus que serviteur, oser perdre pour gagner, avoir l’audace de tout vendre pour se procurer la perle précieuse, renoncer à son père, à sa mère, à ceux que l’on aime, à cause de l’Évangile.

Il est beaucoup exigé de celui qui veut se mettre à la suite du Christ et se faire serviteur de l’Évangile pour ses frères !

« Si tu savais le don de Dieu ! »

Le Seigneur appelle toujours. Il attend notre réponse. Il nous fait confiance. Son appel est une parole qui brûle le cœur. Il exige une réponse du cœur, un engagement du cœur. Heureux sommes-nous si nous entendons sa voix !

Là où nous sommes, à la suite de Jésus, soyons des êtres contagieux de cette vie fragile et généreuse qui veut toujours ressusciter car « il y a d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie : celles-là aussi, il faut que je les conduise avec les autres. »

 

Laissons-nous guider par l’Esprit de Celui qui est notre vrai Berger. Nous serons alors, nous aussi, de « bons pasteurs », selon son cœur auprès de ceux qui nous sont confiés.

P. Philippe Muller